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Il y a quelques semaines, j’ai eu le plaisir (et l’honneur !) d’être interviewée par Mélodie Sachs, coach de vie, énergéticienne et journaliste. Le résultat ? Un article de plusieurs pages dans Coaching Magazine.

Je vous le propose ici.

Métier atypique : Rencontre avec Véronique Plouvier, auteure et coach rédactionnel.

Et si vous écriviez votre livre pratique ?
Comment définiriez-vous le livre pratique ?


Pour commencer, ce n’est pas de la fiction. C’est un livre d’information structuré. Aujourd’hui, presque toute l’information existe partout, mais le rôle du livre pratique est de structurer toute l’information existante, l’information extérieure mais aussi l’information qui est propre à la personne qui écrit le livre, pour pouvoir répondre à une problématique, remplir un désir ou un besoin du lecteur. Il va falloir l’emmener du point A : j’ai cette problématique-là, au point B : je l’ai résolue ; ou du point A : j’ai ce désir ou j’ai ce besoin, au point B : j’ai rempli ce désir ou j’ai répondu à ce besoin.

Quel est votre parcours ?

J’ai commencé comme journaliste d’entreprise et puis ensuite je suis partie aux Etats-Unis en tant qu’expatriée. J’ai déménagé plus de 25 fois en 20 ans, pour des raisons professionnelles liées à l’activité de mon mari. Le plus souvent, je n’avais pas la possibilité de travailler suite aux conditions administratives des différents pays. Je me suis dit qu’il fallait quand même que je garde une activité, j’ai une vraie âme
d’entrepreneuse, il faut toujours que j’ai un projet. Je ne pouvais pas travailler de manière classique, je voulais m’occuper de mes enfants, j’avais des déménagements à organiser assez souvent… J’avais toujours voulu écrire et j’étais très sollicitée par des personnes qui me disaient « Véronique, mais comment on fait pour déménager ? Comment on fait pour trouver une école ? Comment on fait pour trouver une maison etc.. ? ». Au bout d’un moment, je me suis dit que j’avais une expertise qui était en train de se créer, que les autres n’avaient pas. Il y avait un déficit d’information : j’avais le sujet d’un livre.

J’ai commencé à écrire toute seule, l’après-midi, pendant la sieste des enfants. Je l’ai commencé en Angleterre, je l’ai écrit entre la Suisse et la France et il a été édité quand j’étais en Belgique. J’ai écrit huit livres sous mon nom et j’étais également « plume », c’est-à-dire qu’on me confiait des documentations ou des travaux d’experts, souvent des professeurs en médecine, des diététiciens, qui avaient une expertise mais dont le métier n’était pas d’écrire un livre. Je reprenais leurs notes, je les mettais en forme pour rentrer dans une collection ou répondre à une oeuvre éditoriale.

J’ai travaillé aussi pour des agences de relation presse, j’ai fait du journalisme en tant que pigiste, l’écriture sous toutes ses formes, et ça m’a énormément plu. Toutefois, un manque s’est déclaré au fil des années. Ne faire qu’écrire c’est une activité très solitaire. J’avais une entreprise qui marchait très bien mais sur le plan humain j’avais un grand manque. Je me suis donc formée et je suis devenue formatrice en écrits professionnels, je m’adressais à tous publics pour leur apprendre à écrire tout ce qui
était compte-rendu, note de synthèse…

L’écriture est vraiment ce qui me fait vibrer mais l’écriture en lien avec les autres. J’aime
pouvoir en parler, transmettre, aider, etc… J’ai également créé une association de réseaux d’entrepreneurs qui s’appelle Biz Nice, dont l’objectif est de promouvoir la bienveillance dans le monde de l’entreprise. Je suis très active aussi dans l’association Femmes 3000 et j’ai remarqué la problématique du manque de visibilité de ces entrepreneurs que je côtoyais.

C’est ce qui vous a menée à aider les professionnels à écrire le livre pratique qui fera d’eux une référence et qui leur permettra de valoriser leur expertise ?

Oui. Je rencontre beaucoup de professionnels qui ont des capacités, qui offrent des services de qualité, qui sont des personnes formidables, qui ont beaucoup de choses à dire, à transmettre, qui peuvent aider… Il y a une vraie richesse chez toutes ces personnes-là. Ce sont souvent des domaines où il y a énormément de concurrence et ils ont un problème de visibilité.

Le livre pratique est une formidable carte de visite que chaque professionnel peut exploiter, pour asseoir sa crédibilité, valoriser son expérience et s’en servir comme
produit d’appel pour ses autres services et prestations. Cela correspond aussi très bien à quelqu’un qui a une collection ou un hobby, qui est passionné et qui veut laisser une trace ou donner envie à d’autres. L’avantage du livre pratique, c’est qu’il ne s’agit pas d’avoir un style littéraire ou de l’inspiration. La matière vous l’avez. Si vous êtes entrepreneur, c’est votre vie de tous les jours, c’est votre savoir-faire, ce sont les
témoignages de vos clients. La page blanche, ça n’existe pas puisque quand vous rencontrez un client vous savez vous adresser à lui. Un livre pratique ce sont des techniques rédactionnelles qui s’apprennent. En appliquant ces techniques très simples, vous arrivez à écrire un livre de qualité qui témoigne de votre professionnalisme. Si vous voulez montrer que vous êtes un professionnel, que vous connaissez votre sujet et que vous voulez convaincre quelqu’un de travailler avec vous, il faut produire quelque chose de qualité. Je parle vraiment de livre papier, parce que c’est un objet qu’on garde, qu’on offre, qu’on peut vendre. Dans notre culture, le livre papier a une valeur extraordinaire, ce n’est pas quelque chose que l’on jette. Si vous l’offrez à quelqu’un, il ne le mettra pas à la poubelle. Si vous lui donnez votre carte de visite, il va la perdre, un flyer, il va le jeter. Un livre, même s’il n’est pas vraiment concerné par le sujet, il va le donner. Le livre va circuler. C’est un objet qui permet de communiquer autrement.
Lorsque vous êtes auteur, cela intéresse des journalistes, des libraires, des gens qui
organisent des conférences… Les gens vont apprendre à vous connaître au travers du livre. Soit ils n’adhèrent pas à vos propos, à votre façon d’expliquer les choses, soit au contraire, vous les emmenez dans votre domaine d’expertise, vous arrivez à les convaincre que vous êtes la personne avec laquelle ils veulent travailler. Vous avez 150 pages pour les emmener vers vous, c’est le début de votre entonnoir de vente. Vous allez pouvoir convaincre les gens que vous connaissez votre sujet et que vous avez la personnalité qui leur correspond. Souvent, je m’adresse à des formateurs, des coaches, des thérapeutes… Ce sont des professions où c’est aussi une
question de personnalité. Ce qui fait que je vais m’adresser à un coach plutôt qu’à un autre c’est le contact que je vais avoir avec cette personne. Avec un livre, vous avez le temps de vous faire une idée, de voir si vous adhérez ou non. C’est vraiment un formidable moyen de faire connaissance sans en avoir l’air. C’est aussi un très bon outil pour augmenter sa visibilité. Tout le monde ne le fait pas, c’est encore très différenciant. Cela permet de se positionner autrement que la concurrence, c’est aussi un aspect de la personnalité qui est intéressant. Et vous allez être interviewé pour votre livre, vous allez être sur Amazon, vous multipliez les canaux de communication grâce au livre. De plus, le livre pratique est le secteur de l’édition qui se porte le mieux.

Pour quelles raisons avez-vous choisi l’écriture de livre pratique et non l’écriture de roman par exemple ?

Je ne suis pas attirée par l’écriture de roman ou de fiction. Il faut faire sortir beaucoup de choses et j’ai trop de pudeur probablement ou pas assez de talent. En revanche, l’écriture pratique me correspond tout à fait parce qu’il faut aller du point A au point B et je suis très « orientée résultats ». C’est une autre forme d’écriture mais qui apporte autant de joie. Ecrire pour aider les autres, pour accompagner, pour apporter des solutions, c’est une source de joie extraordinaire. Il y a le plaisir de l’écriture, le plaisir d’avoir un objectif, de servir votre mission de vie. Et quand vous voyez votre livre à la FNAC en tête de gondole, que vous ayez écrit des contes ou que vous ayez écrit un livre pratique, votre cœur vibre de la même façon. Les personnes que j’accompagne me disent souvent qu’elles sont rentrées dans le plaisir d’écrire. Certains ont toujours aimé écrire, d’autres se font accompagner vraiment pour avoir un outil marketing et pour elles l’écriture n’est pas du tout un rêve d’enfance. Mais toutes les personnes, une fois qu’elles sont rentrées dans la démarche, qu’elles sont dans la méthode, qu’elles ont le cadre qu’il faut, découvrent le plaisir d’écrire. Et ça c’est une satisfaction qui est aussi très grande.

Peut-on écrire un livre même si notre écriture et nos connaissances en français sont limitées ?

Oui, complètement. On est tout à fait capable d’écrire. Dans mon accompagnement, qui se fait sur internet, j’explique les règles de lisibilité, comment écrire pour être lu et compris par le plus grand nombre. On va jouer sur le choix des mots, la longueur des phrases… Des choses très simples à comprendre qui font qu’à partir du moment où l’on sait prendre un stylo ou taper sur un clavier, il n’y a aucune difficulté pour écrire. Les difficultés peuvent apparaître quelquefois, par exemple pour des personnes dyslexiques, et il y a toujours des solutions. Ces personnes vont pouvoir faire appel à des correcteurs professionnels pour résoudre ce problème, on peut toujours se
faire aider. Si l’on choisit l’auto-édition et que l’on n’est pas graphiste, on va faire faire sa couverture de livre par un professionnel. On se fait aider à l’étape qui est difficile, on n’est pas obligé de tout faire tout seul. Donc, à condition d’en avoir envie, on peut tous écrire.

Quelles sont les principales difficultés que les gens rencontrent dans l’écriture d’un livre pratique ?

La difficulté qui semble la plus importante c’est le temps. Beaucoup de gens voudraient écrire mais disent « je n’ai pas le temps ». Dans le cadre de mon accompagnement, nous avons des rendez-vous réguliers et je leur explique bien qu’ils ne sont pas en train d’écrire un roman, que ça rentre dans leur cadre professionnel. L’heure par semaine ou la demi-heure par jour, selon le rythme que chacun choisit, ce temps-là consacré à l’écriture fait partie de leur travail au même titre que quand ils travaillent sur leur site internet ou qu’ils ont des rendez-vous professionnels.

Ensuite, c’est le besoin d’avoir une structure. La structure les rassure, parce qu’écrire un livre c’est comme tout, c’est un mot à la fois, une ligne à la fois, un chapitre à la fois… Une fois qu’on a le chemin, la structure, l’encadrement, c’est la méthode des petits pas.

Une autre difficulté, c’est le choix du sujet. Les gens qui me contactent sont en général des gens très généreux qui veulent vraiment aider et transmettre. Ils me disent souvent « j’ai tellement d’idées de livres, j’ai tellement de sujets, je ne sais pas choisir, par quoi commencer, je pourrais en écrire quinze ». Ils sont dans une très grande créativité et partent dans tous les sens. C’est aussi ce qui fait qu’ils ont un peu peur de démarrer. S’il n’y a pas de structure et si j’ai quinze livres à écrire, je n’en ai plus aucun… On va faire un vrai travail de réflexion pour pouvoir trouver le meilleur sujet, celui qui peut intéresser le lecteur, toujours dans l’optique de vendre des livres, et puis mettre le sujet en adéquation avec les produits et services que la personne va proposer par la suite.

Donc, le temps, le besoin de structure et surtout comment choisir un sujet, ce sont les principales difficultés.

Comment sait-on si on a suffisamment d’expertise pour écrire un livre sur un sujet ?

Quand on est un professionnel on a l’expertise, il n’y a pas de soucis. Et d’autre part, quand on ne l’a pas, on va la chercher. Ça m’est arrivé quand j’ai écrit le livre Comment être de bons parents ? . Je suis maman mais je ne me voyais pas annoncer à tout le monde : « Voilà c’est moi, je vais vous expliquer comment être de bons parents ». Je n’avais aucune légitimité, je ne suis pas pédiatre, je ne suis pas médecin, je ne suis pas psychologue. Ça me semblait un peu léger et, en accord avec l’éditeur, je suis allée chercher l’expertise ailleurs. J’ai interviewé des pédiatres, des psychiatres, des professeurs, tout le panel des professionnels qui vont tourner autour de l’enfance. En outre, j’ai une famille, j’ai deux filles et un mari mais aujourd’hui la famille peut être très différente. Je suis donc allée interviewer d’autres modèles de familles, des gens qui avaient des enfants handicapés par exemple.

Je suis devenue légitime parce que j’avais fait la démarche d’aller vers les gens qui pouvaient m’apporter quelque chose. Quand on prépare un sommaire, s’il y un point ou un chapitre qui sert votre sujet mais sur lequel vous ne vous sentez pas à l’aise, surtout ne zappez pas, ne faites pas
l’impasse, vous irez trouver l’information.

Comment faire quand on n’arrive pas à écrire ?

L’écriture c’est comme un muscle. Même moi, je ne sais pas toujours quoi écrire, donc quand j’écrivais mes articles, j’avais une phrase type. Je mettais : « au départ un constat… » j’expliquais, je mettais le constat, par exemple « ce matin Mélodie Sachs est en train de m’interviewer, j’ai dit ça… ». Si vous restez avec le stylo en l’air et que vous cherchez votre première phrase, vous n’y arriverez pas. Il faut se mettre en écriture. Les premiers jours ça va être compliqué mais on apprend en écrivant. On peut aussi commencer par rédiger des témoignages, un encadré en donnant des
chiffres, des statistiques…

L’idée c’est de rentrer dans le jeu par n’importe quelle porte.
Et puis, avec la pratique, plus vous faites les choses, et plus ça devient facile. Petit à petit vous allez écrire de plus en plus facilement, vous allez rentrer dans le sujet de plus en plus facilement, être de plus en plus à l’aise. C’est pour cela qu’au moment de la relecture il faut faire très attention. Votre style, vos premières pages ne ressembleront absolument pas à vos dernières pages. Vous avez trouvé les mots, vous avez trouvé d’autres informations… Il faudra donc les reprendre pour s’assurer de la
cohérence.

Comment sait-on qu’un écrit est bon ?

Dans le cadre du livre pratique, c’est le fait que vous puissiez le lire sans difficulté, comprendre sans difficulté et que ça réponde à quelque chose que vous aviez en tête, à votre problématique. Il y a des critères de lisibilité, des index, on peut scanner son texte avec des outils bureautiques pour voir s’il n’est pas trop long ou trop court.

Après, rien ne remplace l’humain donc le mieux c’est de faire lire votre texte et d’avoir l’avis de quelqu’un. Je ne me donnerai jamais le droit de dire à quelqu’un que son texte est bon ou mauvais mais je peux dire si je le comprends ou si je ne le comprends pas.

Avec internet, la vidéo, certains annoncent la mort du livre, qu’en est-il réellement ?

Pas du tout. Rien ne remplace le livre. Il y a eu des enquêtes et en fait, les gens vont sur Internet mais ils ne croient pas à l’information sur Internet. Alors qu’ils croient ce qui est écrit dans un livre.

Y a-t-il quelque chose que vous avez envie de partager ?

La joie de faire cette activité. A chaque fois que je sors d’une heure de coaching, je suis aussi enthousiaste qu’on peut l’être parce que je trouve que ce sont des rencontres uniques et des projets vraiment formidables. Et je peux dire qu’à chaque fois, je le dis et je le pense : « j’ai hâte de lire votre livre ! ».

Propos recueillis par Mélodie Sachs que je remercie énormément.

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